29 DECEMBRE 2011 –
Les associations LGBT investissent le monde du travail
Les plus grandes entreprises comptent désormais des associations LGBT en leur sein. S'il n'est pas encore facile pour les homos au travail de faire leur coming out, leur représentation prouve que les choses avancent.
Des représentants d'Algo à la Marche des fiertés de Nantes, en mai 2011.
HomoSFèRe chez SFR, Flag! pour les policiers et gendarmes, Comin-G aux Finances ou encore Gare! à la SNCF: les associations homosexuelles investissent de plus en plus le milieu professionnel pour lutter contre les discriminations et défendre les droits des employés. Ces derniers mois, plusieurs nouvelles structures ont été créées, comme Rainbow BanquAss pour les métiers de la banque et de l'assurance ou Appel pour les personnels éducatifs.
Le collectif Homoboulot, qui regroupe huit associations dans le privé et le public (on peut citer encore Algo au Quai d'Orsay, Homobus pour la RATP, Energay à EDF-GDF ou Mobilisnoo chez France Télécom-Orange), a fêté ses dix ans cette année. Selon son porte-parole, Jérôme Beaugé, son but premier «est de susciter la création d'associations dans le milieu professionnel» car «il y a une grosse problématique pour les LGBT (lesbiennes, gays, bi, trans) au travail qu'il faut absolument traiter».
Le dernier tabou
«Le travail, c'est le dernier tabou aujourd'hui, parce que les gens ont fait leur coming out en famille et auprès de la plupart de leurs amis», renchérit Sylvie Fondacci, présidente d'HomoSFèRe. Or, note-t-elle, «il a un enjeu au travail, car il y a le risque de se faire passer sous le nez une promotion, d'être stigmatisé ou moqué. Donc beaucoup hésitent encore à le dire.»
Sur le front des discriminations, Jérôme Beaugé affirme que «les plus fréquentes sont les moqueries, préjugés», mais il cite aussi l'accès à la formation, l'évolution de carrière et «le gros problème de la rémunération, une étude de 2010 ayant montré un écart de salaire de 5% en moyenne pour les hommes» gays. Une autre enquête, menée récemment par l'association l'Autre Cercle (lire notre article) montre que 67% des LGBT ne souhaitent pas être visibles en entreprise "par crainte de conséquences négatives en termes de carrière".
Les homos «obligés de se cacher»
En découle un phénomène d'autocensure très prégnant au travail, qui limite aussi les adhésions aux associations. «Adhérer, c'est déjà un acte militant», souligne ainsi Mickaël Bucheron, président de Flag!, ajoutant que l'association, créée il y a dix ans dans un milieu «assez macho», revendique aujourd'hui quelque 500 membres parmi gendarmes et policiers et espère fédérer les policiers municipaux.
Pour Jérôme Beaugé d'Homoboulot, les associations luttent pour «la visibilité» car dans les entreprises où le sujet est abordé, les salariés «se sentent mieux, ont beaucoup moins cette peur». Il souligne que les plaisanteries homophobes, qui ne sont souvent pas perçues comme offensantes par leurs auteurs, «se réduisent d'office dès qu'il y a une information des ressources humaines, des salariés, sur la problématique». Mais, note-t-il, créer ce type d'associations n'est pas aisé, les employeurs commençant souvent par nier le problème.